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Elle prédit l'avenir et jamais ne se trompe
n'augurant que le bien, jamais le malvenu.
C'est une des premières lois de la grande magie.
Ce soir, le ciel est chargé comme une outre. Un déluge.
Le sentier rocailleux ruisselle tant à gros bouillons
que ç'en est casse-binette et faux-pas de sabots.
Il pleut et vente si fort au sortir de la forêt
qu'elle ira s'abriter au refuge dit du " Follet ".
C'est un ancien dolmen bricolé en abri de fortune
biscornu, fermé, maçonné, à la porte qui claque.
Sans fenêtre ni lucarne, un plancher de bois et de boue,
un banc qui fait paillasse, une chaise et une table.
Ce coin de misère lui promet un répit bienvenu.
Passé le seuil elle s'ébroue, quitte sa pèlerine,
secoue plumes et cheveux puis, d'une main sûre 
craque pierre à fusil et allume une chandelle.
À ce moment précis, à la lueur de la bougie
s'ouvre en grinçant un tiroir qui se déboîte.
Apparaît alors cette baguette de bois
qui roule et vient toquer contre le bord.

Cinis s'en saisit comme l'eût fait un savant
désignant au tableau l'évidente équation.
Voilà le prodige, l'histoire vraie de Cinis :
ordonner aux cieux le beau ou le mauvais temps.
Un long silence s'ensuit comme un lourd présage.
La pluie s'arrête soudain, le soleil frise sous la porte,
en quelques secondes se fait douce chaleur
et l'on entend dehors " Diégo " piétiner des quatre fers.
Elle saura à ce jour se jouer de la brise et des nuages,
embrumer le bourg à l'automne ou pleuvoir à volonté.
C'est toute la magie de cette baguette fine et ouvragée.
Âme en tourmaline noire.
Fer magnétique.

Retour.

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