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"Quelque part en France dans les années 1840.
Un ancien hôtel transformé en musée,
la troublante donation d'Ibrahim Pacha, 
et une disparition inquiétante ...

Angéla est gardienne au musée
d'histoire naturelle de Perpignan.
Chaque matin, l'œil encore ensommeillé
elle ouvre les portes, prépare le guichet
et surveille avec ses deux collègues
les allées et venues des badauds.
C'est un grand bâtiment tout en pierres de taille
qui abrite en ses murs une bibliothèque,
un conservatoire et un centre d'études.
On le connaît aussi pour son Cabinet des Curiosités
créé en 1770 par les universitaires de Perpignan.
Angéla est dans la force de l'âge, un brin petite
tailleur beige bien coupé au genou et sur la poitrine
se brode de rouge et de jaune l'écusson du Musée.
Brune comme l'ébène aux reflets auburn
elle porte deux fines tresses nouées dans le dos.
Ses beaux yeux noirs et son nez de Cléopâtre
lui attirent compliments, sourires et courtoisie.
D'un tempérament curieux elle aime à arpenter
les ateliers qui sentent l'acide et la pierre ponce,
discuter avec les savants, donner son point de vue
et boire le café en leur édifiante compagnie.
Historiens, étudiants et archéologues
se croisent ici, les uns de retour ou au départ
en mission dans les lointaines contrées,
les autres sollicités pour leurs expertises.
Quotidiennement elle parcourt les galeries
le jour ou la nuit selon son emploi du temps.
Pour l'heure Angéla inspecte d'un pas nonchalant
l'interminable rangée des stèles et statues en quête 
du flâneur négligeant ou de l'enfant " touche à tout".
Tel est son métier et jamais ne s'en lasse.
Découvrir le petit détail, le pli caché d'un marbre
ou la craquelure suspecte sur une toile de maître
relèvent en grande partie de ses prérogatives.
Voilà pour situer l'action et planter le décor ...

Ce matin à la fenêtre du troisième étage

Angéla aperçoit le fourgon attelé du musée

qui décharge des caisses provenant d'Égypte.

L'inventaire fait mention d'une momie

dans son sarcophage de bois doré,

de bas-reliefs érodés, de statuettes,

de masques funéraires et de manuscrits.

D'après le journal des réceptions

Il s'agit en effet de la momie d'un scribe 

qui usait le calame dans le temple d'Amon-Rê

il  y a de cela presque trois mille ans.

Le soir venu Angéla et son amie Bergamote

entament après souper leurs quartiers de nuit.

Bergamote Duval embauchée il y a peu

préfère boucler ses rondes en compagnie d'Angéla

plutôt que seule dans ce dédale de sombres salles.

On le serait à moins.

La curiosité les mènera dans le hangar des dépôts

pour y admirer un peu avant tout le monde

ces antiques vestiges et véritables reliques.

Il y a là quelques caisses déjà ouvertes

qui laissent entrevoir de nouveaux trésors !

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Dans cet étrange clair-obscur, à la lumière jaunasse
de la lampe murale elles avisent un gros coffre.
Elles l'ouvrent sans attendre et découvrent
enfouis dans la paille et journaux chiffonnés,
deux bustes de pharaons aux yeux de jade.
Dans une galerie adjacente et poussiéreuse
couché sur d'épais et robustes tréteaux,
l'étroit sarcophage et sa chappe d'or ouvragée
leur inspirent respect, admiration et vif intérêt.
Mais en arrivant nos deux comparses constatent
que le couvercle est fendu, basculé de travers ...
Voilà l'histoire telle que la raconta Bergamote
au conservateur du musée le jour suivant.
Sur la pointe des pieds, lanterne à la main
Angéla se penche au dessus du sarcophage
en hasardant sa lampe au bout de son bras.
Au fond, dans la pénombre git une silhouette
emmaillotée jusqu'au cou dans des bandelettes,
la tête noircie comme du cuir trop longtemps ciré.
Dans le jeu des pénombres et des ombres portées,
entre le défunt scribe et le bord du coffrage
Angéla aperçoit quelque chose qui brille.
En rapprochant la lumière elle découvre l'œil rond
une jolie crosse d'Héka, plusieurs cannes ciselées
et un sceptre étonnant à l'effigie d'Amon Rê.
Arc-boutée sur le rebord, d'une main hésitante
elle attrape une des cannes et la tend à son amie
qui pâlit à l'idée de profaner une telle sépulture.
Puis d'un geste malhabile elle saisit le sceptre
et en se retournant lentement vers son amie,
dans un froissement d'air comme dernier soupir
elle devint transparente comme la poussière ...
Angéla avait bel et bien disparu ...
L'enquête ne donna rien, l'affaire fut classée
et dès lors, Bergamote tout de blanc vêtue
voit des fantômes aux fenêtres de l'asile ...

Âme : flèche de nacre
Papyrus enchanté
et fer magnétique.

 

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