



Baguette de la famille des " Iris-Ténébris ".
1711, Sylvain est l'unique bedeau
qui sert la paroisse de Fayet-le-château.
Il est grand, fin comme un fil, le teint charbonnier.
En ces temps reculés, il sert de jardinier,
puisatier, fossoyeur, il est de tous les deuils.
C'est en raclant de vieux cercueils
que Sylvain découvre cette baguette
entre les phalanges d'un blanc squelette.
Dès ce jour, Sylvain n'est plus le même.
Les habitants du bourg, son ami Nicodème
le surnommaient amicalement " le serin"
car il sifflait toujours, du soir au matin.
Le voir de la sorte dépérir, se courber,
se rider trop vite et se recroqueviller
cause alentour l'émoi et pitié des regards.
Sa présence à la sainte église se fait rare.
De fait, ce bois magique est pur envoûtement ...
Sylvain commence à pratiquer l'enchantement
au vu et su de tous, mais pas toujours bien vu.
La nuit, de tombe en tombeau, c'est un vieux bossu
qui joue aux feux follets jusqu'au petit matin.
Enfin, au fil du temps, lui, " le gai serin "
devint " le corbeau ", déplumé de surcroît.
Ce sont quolibets de plus ou moins bon aloi.
L'histoire est saturnienne il faut en convenir.
Cette baguette agit comme un élixir
provoquant état de transe et troubles yeux,
entendez par là : visions des autres cieux.
De ce que dit la confrérie les " Gnômes ",
c'est une baguette majeure,
faite par des fantômes.
Vous savez, ceux qui hantent
les vieux cimetières,
ceux qui sont restés, les damnés,
ces retardataires qui jamais ou prou
ne monteront au ciel ...
Maintenant il est l'heure
pour le grand sommeil.
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L'âme est une pierre de lune. Arcane.